En particulier, ce plan propose la mise en place de nouveaux modes de distribution des fruits et légumes frais. Renaud Dutreil étant très technophile, le commerce électronique n'est pas oublié.
En effet, parmi les mesures, il est prévu d'inciter à :
L'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication pour la promotion mais aussi pour la vente de fruits et légumes, sous un format adapté au commerce électronique (livraison de corbeilles de fruits et légumes de saison). Renaud DUTREIL lancera dans les prochaines semaines un appel à projet pour l'utilisation collective du commerce électronique pour la distribution des fruits et légumes par des producteurs ou détaillants indépendants
L'idée poussée par le Ministre des PME n'est pas nouvelle. D'ores et déjà, plusieurs e-supermarchés proposent à leurs clients d'acquérir des fruits et légumes. Ici, il s'agit de dépasser ce cadre et de favoriser la vente directe entre le producteur (ou une coopérative) et le consommateur.
Seulement, plusieurs limites risquent de s'opposer à un tel projet. Elles sont d'ordre juridique et pratique.
D'un point de vue juridique, la vente à distance de produits périssables ne bénéficie pas, en application de l'article L. 121-20-2 du Code de la consommation, du droit de rétractation. Un consommateur insatisfait ne pourrait pas retourner le produit commandé au vendeur. Par ailleurs, en cas de réception d'un bien abîmé (transformation du kilo de tomates et une purée de tomates lors du transport postal), le consommateur pourrait très difficilement apporter (notamment en cas de contentieux devant les tribunaux) la preuve d'une inexécution du contrat.
D'un point de vue pratique, cette fois-ci (et c'est le blogueur gourmand qui prend la plume) les interrogations sont plus nombreuses :
- un consommateur décidera-t-il de commander en ligne un produit de type fruits & légumes dès lors que le choix "manuel" et "visuel" est déterminant. L'acheteur aura besoin d'entrer en contact avec le produit, de le sélectionner avant de l'acquérir ;
- le coût d'envoi des produits sera sans doute assez important. En effet, il est inimaginable aujourd'hui de penser recevoir par la voie postale habituelle son kilogramme de pommes (déjà testé, non recommandé !) ou de tomates : quid si le colis est présenté un jour où le destinataire est absent et mis en attente au bureau de poste. Il est possible de faire prévaloir d'autres mécanismes de livraison : internalisation de la solution ou recours à des messageries express (comme le fait d'ores et déjà Aquarelle). Mais avec un coût final pour le consommateur d'environ 15 euros pour un envoi classique, il lui faudra sans doute commander un grand nombre de produits (ou avoir une grande famille) afin qu'une telle commande soit rentable ;
- on peut s'interroger sur l'attente véritable des cyber-consommateurs en la matière. Rares sont ceux qui choisiront le recours à l'internet plutôt qu'un achat physique du produit (même pour un prix inférieur - et encore ceci doit encore être démontré) surtout pour les personnes qui ont une certaine proximité des marchés et autres primeurs. Le Ministre évoque la vente de produits "sous un format adapté" à savoir la livraison de corbeilles de fruits et légumes. Or, aujourd'hui, rares sont les consommateurs traditionnels à avoir recours à de telles corbeilles (qui seront composées, en hiver, de fruits exotiques pas forcément issus de productions françaises même d'outre mer).
Au final, la mesure envisagée va-t-elle vraiment mettre du beurre dans les épinards des producteurs de fruits et légumes ? Ce marché n'est pas encore suffisamment mûr actuellement. Les nouvelles technologies peuvent utilement permettre la promotion de certaines coopératives ou producteurs, mais rares sont ceux qui pourront tirer un revenu conséquent de ces activités en ligne.
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